Il est 21 h, je joins Magalie par Skype, pour l’entrevue. Après sept ans de journalisme, il s’agit de ma première entrevue virtuelle. J’ai plutôt l’habitude d’interviewer les gens en personne ou au téléphone. Mais tant qu’à pousser l’expérience techno, aussi bien y aller à fond!
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Magalie Côté, 16 ans |
Magalie ou Rhynn?
L’élève de secondaire cinq me décrit son avatar. « Dans Terra, je m’appelle Rhynn. Je suis une guerrière et je possède deux épées ». Elle m’avoue d’emblée que les jeux en réseau sont aussi pour elle une façon de s’évader de la vie quotidienne. « Lorsque je joue assez intensément, je me sens vraiment comme elle, comme une gladiatrice avec beaucoup de courage. Je n’ai pas peur de dépasser mes limites. Je crois que j’ai un côté un peu rebelle dans la vraie vie aussi. » Elle préfère également créer des avatars à son image. La plupart du temps, ses personnages sont des filles aux cheveux bruns et aux formes athlétiques. Le seul hic : « Parfois je trouve que les développeurs proposent des choix de personnages féminins qui font plaisir au gars. Des filles dénudées avec de grosses poitrines. C’est un peu sexiste!»
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Rhynn, l'avatar de Magalie dans le jeu Terra |
Rêve ou piège?
Magalie avoue que sa passion s’est un jour transformée en dépendance. « Avant, je pouvais jouer des journées entières, jusqu’à passer une douzaine d’heures d'affilée devant l’ordinateur. » Elle consacrait jusqu’à 35 heures par semaine au jeu World of the Warcraft. Puis, il n’y a pas si longtemps, elle s’est rendu compte que sa vie virtuelle commençait à empiéter sur sa vie réelle. « Je prenais l’habitude de refuser les invitations de mes vraies amies. Puis un jour, j’ai décidé de les accompagner au centre-commercial. J’ai vraiment eu beaucoup de plaisir. Ç’a été un déclencheur et je me suis dit que je passais peut-être à côté de quelques choses! » L’an prochain, Magalie sera au cégep. La jeune fille est bien décidée à réussir son année scolaire avec brio. De plus, elle s’est trouvé un boulot étudiant. « Avec l’école, le travail et les amies, je n’ai plus beaucoup de temps. Maintenant, je joue moins de 10 heures par semaine. Je crois que c’est beaucoup plus normal! », ajoute-t-elle, le sourire aux lèvres.
Elle conclut en disant qu’elle s’est fait beaucoup d’amis en ligne, dont des joueurs de la France et de la Belgique, comme quoi les distances n’ont plus d’importance dans le monde virtuel. « C’est sûr qu’on peut créer des bons liens. Mais il faut toujours se méfier. Puis, ce sont les amis réels qu’il faut prioriser. J’ai joué intensément et je peux dire que les amitiés sont plus fortes dans la vraie vie. »
Magalie a réussi à trouver un juste milieu entre sa vie réelle et le monde virtuel où elle se transforme en guerrières et tissent des liens avec une communauté de joueurs qui partage avec elle la même passion du jeux vidéo. Mais, malheureusement, ce ne sont pas tous les jeunes qui réussissent d'eux-mêmes à trouver l'équilibre. Certains deviennent de vrais accros. De plus en plus de spécialistes, dont des psychologues, lancent un cri d'alarme et mettent en garde parents et adolescents contre les signes annonciateurs de la dépendance aux MMORPG, dont les troubles de sommeil, de l'alimentation et le repli social, pour ne nommer que ceux-là. (Le réel danger des jeux vidéo: la dépendance)
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Godard, Elsa. 2009. Le réel danger des jeux vidéo : la dépendance. En ligne. URL : http.www.lepoint.fr/actualites-technologie-internet/2009-03-20/le-reel-danger-des-jeux-video-la-dependance/1387/0/327536. Consulté le 27 octobre 2012.
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