jeudi 13 décembre 2012

Billet 5: semaine 15: Le déterminisme technologique. Existe-il? Rend-t-il toute tentative d'y échapper caduc? Y a-t-il une limite acceptable?


Journaliste et techno: l'actualité à vive allure et une relation de proximité avec le public

Nous sommes déjà rendus à la fin du cour Communication et changement technologique. Je bouclerai donc la boucle en revenant sur la question du déterminisme technologique, et encore une fois, vous me permettrez d'aborder la question sous la lentille journalistique.

Les technologies de l'information et de la communication (TIC) évoluent à un rythme étourdissant. Et comme journaliste, ces nouveaux outils viennent passablement modifier, voir bouleverser notre façon de travailler. Je me rappelle en 2007, année où j'ai quitté la presse écrite pour le journalisme télé, que ma journée commençait avec une affectation sur un sujet d'actualité. Très rarement je faisais une apparition au bulletin du midi, et l'objectif ultime était de préparer mon reportage pour le bulletin de nouvelles du soir. Toute une journée de travail, pour un reportage, avec comme outil de travail un calepin, un stylo et un téléphone cellulaire, qui n'avait vraiment rien de sophistiqué!

En moins de six ans, je peux vous dire que la situation est bien différente! Munis de téléphone intelligent, et branchés en permanence sur le web, les journalistes alimentent maintenant plusieurs plateformes. Le matin, chaque journaliste démarre sa journée avec un sujet. Premier réflexe, une fois arrivé sur les lieux du tournage, prendre une photo avec ledit téléphone intelligent. Photo qui sera ensuite acheminée, avec quelques lignes d'informations préliminaires au journaliste responsable du site web. La collecte d'information a lieu, les entrevues et les prises d'images, tout ça en continuant d'alimenter les réseaux sociaux et le site web, jusqu'au bulletin du midi où la plus part du temps, le journaliste livre son information en direct. Et ça se poursuit comme cela toute la journée, jusqu'au rendu final, le reportage. L'histoire, qui depuis le matin, est suivie par les internautes, fait souvent l'objet de commentaires, qui parfois soulèvent des questions auxquelles pourra tenter de répondre le reporter, où encore s'en servira-t-il pour questionner des sources en lien avec son sujet de reportage.

Ces nouveaux outils, que ce soit les téléphones intelligents ou l'utilisation des réseaux sociaux permettent maintenant aux reporters de livrer de la nouvelle quasiment en temps réel. Bien sûr, les professionnels de l'information sont appelés à la prudence. Une réflexion journalistique s'impose et avant de diffuser une information, le journaliste s'assure de la véracité des faits. Néanmoins, on peut dire que le métier évolue et se transforme rapidement. On n'a qu'à penser à Mon Topo à TVA où ce sont les vidéos et photos des téléspectateurs qui font l'objet d'une nouvelle. L'information est proposée par un citoyen, mais par la suite elle est vérifier par un journaliste de façon rigoureuse. Désormais, les journalistes et les chefs d'antenne ont une relation directe et en continu avec le public: facebook, twitter, courriel, alouette! Parions que ce n'est qu'un début et que le métier de journaliste continuera sa mutation.

Mais jusqu'où peut-on aller? D'ailleurs, j'étais assez étonnée d'apprendre qu'il existe un bulletin d'information virtuel animé par un avatar! Il s'agit de News At Seven, lancé par l'Université Northwestern. Les premières expériences remontent à 2006. Le système est complètement autonome et puise l'actualité disponible sur le web. Quoiqu'intéressant, j'espère tout de même ne jamais me faire remplacer par un ou une journaliste virtuel!

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Northwestern University. 2008, «Projet: News At Seven», Intelligent information laboritory (En ligne) URL: http://infolab.northwestern.edu/projects/news-at-seven, consulté le 12 décembre 2012.

dimanche 9 décembre 2012

Billet 4: Au nom de la liberté, doit-on tout permettre sur l'Internet?

Doit-on tout permettre sur Internet: l'histoire Magnotta
Internet: fief de la liberté d'expression, lieu sacré de création collective, plateforme idéale pour développer des idées et des concepts qui sortent des sentiers battus, nouveau médias de prédilection pour faire circuler des informations, et bien plus encore. Mais, dans le grand village global proposé par Marshall McLuhan naviguent aussi des internautes aux objectifs obscures, voir des individus carrément dérangés. Ici, il me vient immédiatement en tête cette histoire sordide et morbide du meurtre d'un étudiant chinois de 32 ans, Lin Jun, dépecé par Luka Rocco Magnotta en mai dernier. Des gestes abominables, filmés par le bourreau et mis en ligne, comme un trophée de chasse. Pour ajouter a l'horreur, la vidéo du meurtre a été visionnée par des milliers d'internautes. Simple question de curiosité dû a l'hyper-médiatisation du drame? Voyeurisme ou quête de sensations fortes? De toute façon l'affaire a prouvé que l'auto-régulation des utilisateurs ou visiteurs des réseaux sociaux ne se fait pas automatiquement. Pour ma part, ce genre de vidéo, mis en ligne sur Youtube et visionné consciemment par des milliers de gens, est un bel exemple de dérappage qui peut survenir sur le net.

Cette image, tirée d'une vidéo de surveillance  a fait le tour des médias de la planète. On y voit le tueur Luka Rocco Magnotta, pénétrer dans un café internet de Berlin, le 5 juin 2012. Il a été arrêté quelques minutes plus tard. 


Faudrait-il mettre en place des règles de conduite très strictes pour l'utilisation du Web ou encore persécuter les blogueurs, twitteurs, adeptes de facebook? Bien sûr que non. Mais avouez que pouvoir visionner la vidéo d'un meurtre, qui est bien loin d'être une fiction, soulève pas mal de questions éthiques.

Chose certaine, la question de la régulation et de la surveillance d'Internet préocuppe. D'ailleurs, le journaliste Guerric Poncet a écrit: «La cybercriminalité est un problème global, puisque Internet n'a pas de frontières». L'envoyé spécial de Le Point.fr a couvert le Conseil de l'Europe à Strasbourg, à la fin novembre, où un haut gradé de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime a évoqué la création d'une convention onusienne sur la cybercriminalité, devant des cyberpoliciers et experts de partout dans le monde.

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Poncet. Guerric, 2012. «Cybercriminalité: vers une convention de l'ONU?». (En ligne) URL: http://www.lepoint.fr/high-tech-internet/cybercriminalite-vers-une-convention-de-l-onu-23-11-2011-1399291_47.php ,Consulté le 9 décembre.





 



dimanche 2 décembre 2012

Essai 2: Blogue et journalisme: une relation amour-haine!



Essai 2 : Blogue et journalisme : une relation amour-haine! 


Objet : Contrepied de http ://mcdion.wordpress.com/2012/10/14/bloguer-a-propos-des-blogues/

1) Introduction : Les blogues au service des entreprises et des organisations



Dans l’essai Bloguer à propos des blogues de l’étudiante Marie-Claude Dion, on fait l’éloge des blogues comme nouvelle méthode de communication publique utilisée par les entreprises ou les organisations. Les blogues sont une façon innovante, efficace et même nécessaire pour bien faire passer des messages ou recruter de nouveaux clients. Bloguer permet dans un premier temps d’échanger directement avec les consommateurs qui peuvent commenter un produit, une approche ou encore un message. Peu importe que ce commentaire soit positif ou négatif, il permet à l’organisation de s’améliorer ou encore d’en débattre sur la toile. Les blogues favorisent aussi le développement d’une relation de proximité et de transparence avec le public. De plus, la blogosphère qui est en constante évolution, permet de s’informer sur des sujets de niche, elle est en quelque sorte une mine d’or d’informations sur une multitude de sujets, pourvu que l’on puisse en valider l’exactitude.
2. Les blogues…avenir ou déclin du journalisme?

 
Dans son essai, Marie-Claude Dion s’intéresse de façon très succincte aux rôles des blogues dans la diffusion d’informations journalistiques. Elle avance que les «blogues modifient notre relation à l’information ». De mon côté, c’est vraiment d’un point de vue journalistique que j’évaluerai les blogues. Je ne crois pas que les blogueurs remplacent ou remplaceront les journalistes dits traditionnels. Je crois plutôt que les blogues sont un nouvel outil de diffusion de l’information, notamment pour les journalistes qui eux aussi doivent se mettre à la page des nouvelles technologies d’information. D’ailleurs, de plus en plus de reporters professionnels tiennent un blogue, twitent ou alimentent un site Facebook, en faisant preuve de rigueur, en étant objectifs et en ayant le souci de valider les informations qu’ils publient sur ces nouvelles plateformes du Web 2.0. Un blogueur est-il un journaliste? Pas nécessairement! Un journaliste professionnel peut-il bloguer? Oui!
 
Le blogue, selon moi, peut devenir l’extension du média traditionnel. Et comme pour les organismes ou les entreprises, les blogues sont une façon pour les journalistes d’échanger directement avec le public, de sonder les intérêts des gens, d’échanger sur des sujets d’actualité, un peu de la même manière que le fait le vox populi ou encore la tribune téléphonique. Mais attention, il faut tout de même utiliser ou consulter les blogues en faisant preuve de discernement, ce qui est sans aucun doute, un immense défi dans le monde de la blogosphère qui diffuse un flux d’information en continu.
3. Argumentation : répondre aux exigences journalistiques tout en se mettant à l’ère du 2.0

3.1 Explosion des plateformes et question d’éthique
 
Le temps où les médias traditionnels, journaux, télé et radio, étaient les seules sources d’information est bel et bien révolu! Dans le rapport L’information au Québec - un intérêt public, réalisé par Dominique Payette en 2010, on apprend que 815 000 Québécois se qualifient de Netnewser, c'est-à-dire qu’ils utilisent internet pour s’informer et que 73% des adultes québécois sont branchés. La professeure et journaliste cite une étude réalisée par l’Associated Press en 2008 qui expose que les jeunes adultes de 18-34 ans ont modifié leur façon de s’informer. Ils consultent une multitude de plateformes en ligne et s’informent par la voix de plusieurs sources. Les réseaux sociaux, les vidéos sur le net, les moteurs de recherche ou encore les blogues sont donc fréquemment visités par les jeunes internautes pour s’informer. Dans un tel contexte, les entreprises de presse doivent elles aussi s’adapter aux changements technologiques et développer de nouvelles plateformes qui intéresseront les jeunes internautes, qui ont soif d’information. Les blogues peuvent donc devenir un outil fort intéressant tant pour les directions d’entreprises de presse que pour les journalistes professionnels eux-mêmes.


 


Dominique Payette, journaliste et professeure qui a réalisé en 2010 le rapport L'information au Québec - un intérêt public

Certes les médias traditionnels doivent s’adapter à ce nouveau contexte d’explosion des plateformes, tout comme le font déjà plusieurs entreprises et organisation qui tirent déjà des profits de ces nouvelles plateformes 2.0.  Mais d’un point de vu journalistique, il faut le faire en gardant la même rigueur, qui est un gage de qualité et de véracité de l’information. D’ailleurs, en 2010, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec a ajouté une section Réseaux sociaux dans son code de déontologie, dont la version originale a été adoptée en 1996. On y lit :«les journalistes exercent le même discernement dans l’utilisation des médias sociaux que dans l’ensemble de leur pratique (…) ils ne doivent pas tenir dans les médias sociaux des propos qu’ils ne tiendraient pas en ondes ou dans leur publication.» Ici, c'est clair, peu importe la plateforme, les journalistes professionnels doivent observer les mêmes règles, par exemple, protéger leurs sources, vérifier les faits et les mettre en contexte.

 
3.2 Journaliste citoyen contre vrai journaliste

 
L’arrivée des blogues donne souvent l’impression que n’importe qui peut s’improviser journaliste sur le web, d’où le titre de journaliste citoyen. Le rapport Payette se questionne d’ailleurs sur la façon de distinguer le journaliste professionnel, soumis à un code de déontologie très strict, aux autres communicateurs,  professionnels où non. (Payette, p. 49) C’est également une préoccupation partagée par plusieurs chercheurs des quatre coins de la planète réunis lors du Séminaire international sur les tendances de l’autorégulation du travail journalistique, organisé par le Centre d’études sur les médias de l’Université Laval au début du mois de novembre. David Pritchard, professeur à l’Université du Wisconsin-Milwaukee s’est questionné sur la question de l’encadrement des blogueurs :« Les blogueurs ont sorti plein d’histoires. (…) Mais comment peut-on encadrer le travail de ceux qui travaillent en pyjama? » Une chercheuse espagnole a ajouté que si toute personne ayant un compte Twitter, Facebook ou un blogue est qualifiée de journaliste, la profession sera en perdition. (Villeneuve) Certains médias traditionnels ont décidé de tenter le coup, c'est à dire d'encadrer des journalistes-blogeurs. C'est le cas de Canal France International qui a fait appel à sept jeunes journalistes d'Afrique et d'Asie pour tenir le blog du Festival de Cannes, cannesvupar.com.







Or, la question de la crédibilité des blogues est loin de faire l’unanimité. Par exemple, le célèbre blogueur et inventeur du concept de la longue queue, Chris Anderson, écrit sur son blogue qu’il préfère l’information diffusée sur les blogues que celles émises par les journalistes traditionnels. Il donne d’ailleurs six raisons pour expliquer sa préférence, dont une en particulier qui a retenu mon attention. Il affirme que les blogueurs sont souvent des praticiens, ce qui leur permet donc de faire des analyses plus précises. Une affirmation qui soulève des questions, étant donné que l’une des principales qualités d’un bon travail journalistique est l’objectivité et le recours à plusieurs sources. Le simple blogueur, peu importe son degré de qualification, n’est pas tenu aux mêmes règles, et peut donc diffuser un contenu tendancieux sans risquer de se faire rappeler à l’ordre, par exemple, par le Conseil de presse du Québec.


Par ailleurs, faut-il rappeler que plusieurs blogueurs se contentent de faire des liens vers d’autres sites web et que de toute façon, ils ne sont pas soumis de créer un contenu original. Contrairement au journaliste qui doit fouiller, trouver, digérer l’information, réaliser des enquêtes, procéder à des entrevues pour justement dénicher puis diffuser des nouvelles. C’est aussi ce qu’argumente Bill Keller, l’ex-éditeur en chef du New York Times. Selon lui, seulement deux choses distinguent les journalistes professionnels des blogueurs. D’abord, les salles de presse ont des reporters formés qui vont sur le terrain pour constater des réalités et des faits. Ensuite, ces journalistes aguerris s’assurent de vérifier les faits, d’avoir plusieurs sources qui confirment une nouvelle, et ce travail de longue haleine doit être rémunéré. C’est donc primordial de donner au public des nouvelles fiables, qui sont à la base d’une analyse journalistique sérieuse et d’une enquête rigoureuse. Toutes ces règles, les blogueurs ne sont pas tenus de les suivre. (King, p. 238)


Un autre défi que soulève l’utilisation des blogues est le rapport à l’instantanéité. Dans un monde où l’information se diffuse et se consomme à un rythme effréné, demander aux journalistes d’entretenir un blogue peut devenir une tâche assez lourde. Le rapport Payette a également mis en lumière que pour plusieurs journalistes, le fait de devoir tenir un blogue ou alimenter des réseaux sociaux grugeait de leur temps consacrer à la réflexion journalistique. D’autres ont confié que de plus en plus de leur collègue journaliste, trop occupés à twitter et à consulter les blogues pour dénicher des primeurs délaissaient peu à peu le travail terrain. (Payette, p.51)

 

4. Contre-exemple réel de l’utilisation : Un couteau à double tranchant

Je reviens ici sur les raisons avancées par Christ Anderson sur la véracité des blogues. Selon lui, lorsqu’un blogueur fait une erreur, il a tendance à la corriger. Et, comme il n’est pas rattaché à un média traditionnel, donc ne jouit pas de la crédibilité journalistique, il est prêt à tout pour valider et prouver ce qu’il publie sur son blogue. C’est donc dire que les billets sur les blogues seraient plus rigoureux et crédibles que les articles issus d’un travail journalistique. Or, plusieurs dérapages dans le fabuleux monde de la blogosphère démontrent le contraire. C’est entre autres le cas d’une histoire publiée en 1994 par Ana Marie Cox, sur son blogue wonkette.com.  La blogueuse avançait que le sénateur John Kerry, qui était à l’époque candidat à la présidence des États-Unis, entretenait une relation extra-conjugale. Des allégations qui ont eu des échos jusqu’à Washington, mais qui finalement se sont avérées fausses. (King, p.238) Étant donné que la blogueuse n’était pas soumise aux règles journalistiques, elle est restée de glace lorsque sa supercherie a été dévoilée. D’où l’importance d’être extrêmement vigilant lorsque l’on consulte les blogues, que ce soit en tant que professionnel des médias ou comme consommateur d’information.

 
Par ailleurs, de plus en plus de journalistes sérieux bloguent sur des sujets tout aussi sérieux. C’est entre autres le cas dans le monde du journalisme scientifique. La responsable des contenus journalistiques en ligne du magazine Scientific American, Robin Lloyd, n’hésite pas à dire qu’avoir un blogue est un minimum pour les futurs journalistes. Dans l’article L’hybridation blogueur-journaliste, au sujet du Congrès Science Online 2012, la journaliste Pascal Lapointe de l’Agence Science-Presse, rapporte également que plusieurs revues scientifiques paient leurs journalistes-blogueurs. C’est le cas entre autres d’Ars Technica et Discover. Le rédacteur en chef des blogues du Scientific American, Bora Zivcovic, ajoute que le salaire d’un blogueur est de 200 $ par mois pour la rédaction de quatre billets de 300 mots. Et, tout comme les journalistes dans les salles de nouvelles dites traditionnelles, les blogueurs doivent s’attendre à ce que leurs textes soient corrigés et modifiés par  l’éditeur. Ces blogues peuvent être sans contredit considérés comme des articles sérieux contenant des informations pertinentes et vérifiées. 


Le magazine Scientific American a aussi une version en ligne, où plusieurs journalistes bloguent sur des sujets très sérieux.

Certaines communautés de blogueurs ont aussi réussi à démontrer qu’un travail journalistique responsable pouvait être réalisé, en plus de se démarquer du travail des entreprises traditionnelles d’information. C’est le cas de Talking Points Memo (TPM), un collectif de journalistes-blogueurs qui a été fondé en 2000 par Josh Micah Marshall, qui travaillait à l’époque pour le magazine politique The American Prospect. En 2008, l’équipe de TPM a remporté le prix George Polk Award pour un reportage d’actualité judiciaire. Le collectif a tué la une en rapportant que l’administration Bush avait congédié huit avocats pour des raisons politiques. À cette même époque, plus de 750 000 visiteurs consultaient les blogues des journalistes-blogueurs de TPM. (King, p. 248-249)

 

5) Conclusion : un cinquième pouvoir est né?

En conclusion, les blogues offrent certainement une nouvelle plateforme de diffusion pour les journalistes et une nouvelle source d’information pour les internautes. Mais une préoccupation demeure, comment séparer le bon grain de l’ivraie, c'est-à-dire trier les informations journalistiques vérifiées et pertinentes des allégations non fondées. Malgré tout, force est de constater que la blogosphère gagne du terrain. Et, ce n’est pas nécessairement mauvais. Certains auteurs avancent même que les blogueurs sont en quelques sortes devenus le 5ième pouvoir. C'est-à-dire, qu’ils surveillent les traditionnels chiens de garde, les journalistes, qui sont eux considérés comme étant le 4ième pouvoir.  C’est d’ailleurs sur ce phénomène que s’est penché le professeur Stephen D. Cooper de l’université Marshall, dans son ouvrage Watching the Watchdog. Selon lui, la vérification des faits n’est plus seulement l’affaire des journalistes. (Cooper, p.23) Il rapporte dans son livre un exemple très concret de cette surveillance faite par les blogueurs. En 2004, l’Associated Press a dû se rétracter et corriger un article qui faisait état d’un discours du président George W. Bush dans lequel il informait une foule républicaine que l’ex-président Bill Clinton était hospitalisé.  Le journaliste avait alors écrit que le public avait hué au moment de l’annonce et que George-W. Bush n’avait rien fait pour arrêter cette manifestation anti-Clinton. En réalité, les gens avaient poussé un « ooh » de surprise. Cette désinformation journalistique a été dénoncée par le blogueur de Swimming through the Spin dans le billet AP Bias Strikes Again 2004.

L’émergence des blogues change effectivement la donne. Désormais, la validation peut se faire par des gens en dehors des organisations médiatiques traditionnelles. Mais qui surveille les blogueurs?

 

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Bibliographie

Anderson, Christ. 2005. «Trolling : Six reasons why I prever good blogs to most traditional journalism», The Long tail - Chris Anderson’s blog. (en ligne) URL: http://longtail.typepad.com/the_long_tail/2005/06/careerending_po.html. Consulté le 25 novembre 2012. 

D.Cooper, Stephen. 2006. «Watching the Watchdog. Bloggers as the Fifth Estate». Spokane, Washington: Marquette Books, pp. 17-24

Fédération professionnelle des journalistes du Québec. 2010. «Annexe au Guide de déontologie des journaliste du Québec – Les médias sociaux», Guide de déontologie des journalistes du Québec. (en ligne) URL : http://www.fpjq.org/index.php?id=82, Consulté le 27 novembre 2012. pp. 44-52

King, Elliot, 2010. «Free for All. The Internet’s Transformation of Journalism». Evanston, Illinois: Northwestern University Press, pp. 232-249

Lapointe. Pascal. 2012. «Congrès Science Online 2012 : L’hybridation blogeur-journaliste». (en ligne) URL : http://www.sciencepresse.qc.ca/actualité/2012/01/20/lhybridation-blogueur-journaliste, consulté le 26 novembre 2012.

Payette, Dominique. 2010. «L’information au Québec – Un intérêt public», Groupe de travail sur le journalisme et l’avenir de l’information au Québec. (en ligne) URL : http://www.mcc.gouv.qc.ca/fileadmin/documents/publications/rapport-Payette-2010.pdf, Consulté le 26 novembre 2012.

Villeneuve, Nathalie. 2012. «Le journaliste citoyen en pyjama : nouveau visage de l’autorégulation des médias?» Magazine : Conseil de presse du Québec. (en ligne) URL :http://conseildepresse.qc.ca/actualites/chroniques/le-journaliste-citoyen-en-pyjama-nouveau-visage-de-lautoregulation-des-medias/, consulté le 29 novembre 2012.

 

 

 





 

 

 




dimanche 18 novembre 2012

Billet # 3: semaine 11: Offensive citoyenne contre les gaz de schiste : mobilisation terrain et sur les réseaux sociaux

Offensive citoyenne contre les gaz de schiste : mobilisation terrain et sur les réseaux sociaux

Je suis arrivée en Mauricie-Centre-du-Québec à l’automne 2010, au même moment où la mobilisation citoyenne contre l’implantation de l’industrie des gaz de schiste s’organisait. C’est au Centre-du-Québec que l’on trouve le plus grand nombre de puits d’exploration dans la province, une vingtaine au total, qui sont situés pour la plupart dans la MRC de Bécancour. Rapidement, les citoyens et les écologistes se sont unis contre les gazières déjà installées sur leurs terres, dont Talisaman Energy et Junex. Ils ont demandé un moratoire.

Cette opposition à l’industrie des énergies fossiles s’est bien sûr manifestée sur le terrain, mais également sur les réseaux sociaux. Il y a même la communauté artistique qui s’est fait entendre haut et fort en publiant notamment le vidéo Gaz de schiste : Wo! sur Youtube, qui a été visionné et commenté par plus de 540 000 internautes.

Le puits numéro 2 de Junex, situé à quelques mètres de résidences à Saint-Grégoire, a souvent fait les manchettes. Au printemps 2011, une citoyenne m’a appelée pour venir constater que des bulles de gaz s’échappaient du puits. À titre de reporter, je me suis rendue sur place avec un caméraman. Nous avons réalisé puis diffusé le reportage. Dès le lendemain la compagnie, Junex avait en quelques sortes barricadé le puits. Est-ce que le reportage avait réellement dérangé la gazière, où, comme l’avait prétendu Junex, c’était réellement pour permettre à ses employés de faire des travaux d’entretien du puits? Chose certaine, l’histoire a soulevé pas mal de questions, tant de la part des opposants que du côté des «voisins» du puits. Si bien que quelques mois plus tard, en juin 2011, l’endroit a été visité par un autre groupe de militants qui avait entrepris La marche d’une génération pour un moratoire. Munis de caméras ces citoyens anti gaz des schiste se sont arrêtés sur le site du fameux puits. Ils ont à leur tour filmé la fuite de gaz, enregistré des témoignages de citoyens inquiets et finalement, il finalement ont diffusé leur matériel sur Youtube. Voici un de ces vidéos, où l’auteur qui porte le pseudonyme SebRioux, a ajouté un court texte à sa présentation, «Seriez-vous prêt à boire de cette eau? (…) Nous voyons cette fuite parce qu'il a de l'eau. Cette eau remonte directement de la nappe phréatique qui est de surface. Imaginez une fois fracturée, mais nous travaillons à ce que cela n'arrive jamais.» Des centaines d’internautes ont visionné ce vidéo et l’on aussi commenté.

 

Quels a été l'impact réel des actions citoyennes en ligne des militants contre l'industrie des gaz de schiste? Difficile à mesurer! Mais quoi qu'il en soit, la pression citoyenne a forcé l'ancien gouvernement libéral à ralentir et à approfondir ses connaissances sur les procédés d'exploration et d'exploitation de ce gaz avant de donner ou non le feu vert aux gazières comme Talisman Energy et Junex. Présentement, les opérations sont au point mort. Québec a commandé une étude environnementale stratégique et doit remettre son rapport à la fin de novembre 2013. Et, Talisman Energy a annoncé, il y a quelques semaines, qu'elle cessait d'investir au Québec... pour l'instant.


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Dubuc, André. 2012. Talisman perd espoir au Québec. En ligne. URL: http://affaires.lapresse.ca/economie/energie-et-ressources/201210/30/01-4588540-talisman-perd-espoir-au-quebec.php. Consulté le 16 octobre.

 

  



lundi 29 octobre 2012

Billet semaine 8: Magalie: ado et guerrière à ses heures


Il est 21 h, je joins Magalie par Skype, pour l’entrevue. Après sept ans de journalisme, il s’agit de ma première entrevue virtuelle. J’ai plutôt l’habitude d’interviewer les gens en personne ou au téléphone. Mais tant qu’à pousser l’expérience techno, aussi bien y aller à fond!

Magalie Côté, 16 ans
Magalie, cette jolie brunette bouclée de 16 ans, me donne rendez-vous en ligne, pour une entrevue au sujet d’une de ses passions, les jeux en réseau, communément appelé dans le monde des jeux virtuels, les MMORPG, l’abréviation pour jeu de rôle en ligne massivement multijoueur. Elle s’est initiée aux jeux vidéo sur internet à l’âge de 12 ans. « Le premier MMORPG auquel j’ai joué, c’est World of Warcraf. Mais depuis quelques mois, j’ai changé. Je préfère maintenant Terra. C’est beaucoup plus réel. Les paysages sont magnifiques et réalistes », explique-t-elle. Comment s’est-elle désintéressée à son premier amour? « Il y a eu trop de changements. On est partie d'une histoire profonde, celle d’un roi, victime d’une malédiction. Aujourd’hui, on est rendu avec des pandas et des singes géants, dans un univers chinois. Non merci!», poursuit Magalie pour qui la qualité de l’histoire et le design des graphiques sont primordiaux.


Magalie ou Rhynn?
L’élève de secondaire cinq me décrit son avatar. « Dans Terra, je m’appelle Rhynn. Je suis une guerrière et je possède deux épées ». Elle m’avoue d’emblée que les jeux en réseau sont aussi pour elle une façon de s’évader de la vie quotidienne. « Lorsque je joue assez intensément, je me sens vraiment comme elle, comme une gladiatrice avec beaucoup de courage. Je n’ai pas peur de dépasser mes limites. Je crois que j’ai un côté un peu rebelle dans la vraie vie aussi. » Elle préfère également créer des avatars à son image. La plupart du temps, ses personnages sont des filles aux cheveux bruns et aux formes athlétiques. Le seul hic : « Parfois je trouve que les développeurs proposent des choix de personnages féminins qui font plaisir au gars. Des filles dénudées avec de grosses poitrines. C’est un peu sexiste!» 

Rhynn, l'avatar de Magalie dans le jeu Terra

Rêve ou piège?
Magalie avoue que sa passion s’est un jour transformée en dépendance. « Avant, je pouvais jouer des journées entières, jusqu’à passer une douzaine d’heures d'affilée devant l’ordinateur. » Elle consacrait jusqu’à 35 heures par semaine au jeu World of the Warcraft. Puis, il n’y a pas si longtemps, elle s’est rendu compte que sa vie virtuelle commençait à empiéter sur sa vie réelle. « Je prenais l’habitude de refuser les invitations de mes vraies amies. Puis un jour, j’ai décidé de les accompagner au centre-commercial. J’ai vraiment eu beaucoup de plaisir. Ç’a été un déclencheur et je me suis dit que je passais peut-être à côté de quelques choses! » L’an prochain, Magalie sera au cégep. La jeune fille est bien décidée à réussir son année scolaire avec brio. De plus, elle s’est trouvé un boulot étudiant. « Avec l’école, le travail et les amies, je n’ai plus beaucoup de temps. Maintenant, je joue moins de 10 heures par semaine. Je crois que c’est beaucoup plus normal! », ajoute-t-elle, le sourire aux lèvres.

Elle conclut en disant qu’elle s’est fait beaucoup d’amis en ligne, dont des joueurs de la France et de la Belgique, comme quoi les distances n’ont plus d’importance dans le monde virtuel. « C’est sûr qu’on peut créer des bons liens. Mais il faut toujours se méfier. Puis, ce sont les amis réels qu’il faut prioriser. J’ai joué intensément et je peux dire que les amitiés sont plus fortes dans la vraie vie. »

Magalie a réussi à trouver un juste milieu entre sa vie réelle et le monde virtuel où elle se transforme en guerrières et tissent des liens avec une communauté de joueurs qui partage avec elle la même passion du jeux vidéo. Mais, malheureusement, ce ne sont pas tous les jeunes qui réussissent d'eux-mêmes à trouver l'équilibre. Certains deviennent de vrais accros. De plus en plus de spécialistes, dont des psychologues, lancent un cri d'alarme et mettent en garde parents et adolescents contre les signes annonciateurs de la dépendance aux MMORPG, dont les troubles de sommeil, de l'alimentation et le repli social, pour ne nommer que ceux-là. (Le réel danger des jeux vidéo: la dépendance)

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Godard, Elsa. 2009.  Le réel danger des jeux vidéo : la dépendance. En ligne. URL : http.www.lepoint.fr/actualites-technologie-internet/2009-03-20/le-reel-danger-des-jeux-video-la-dependance/1387/0/327536. Consulté le 27 octobre 2012.


dimanche 14 octobre 2012



Essai 1 : L’arrivée de la télévision a eu un impact majeur dans le monde de la politique et a bouleversé la façon dont les politiciens communiquent leurs messages.

C'est en 1900, lors de l’Exposition universelle à Paris, que le mot télévision a été utilisé pour la première fois. Un quart de siècle plus tard, soit en 1926, l’Écossais John Baird présente son procédé de réception d’images sur tube cathodique, devant la Royal Institution de Londres. Il baptisera son invention «téléviseur». En 1931, l’ingénieur français René Barthélémy diffuse une première émission expérimentale. Mais il faut attendre la moitié du 20ième siècle pour voir les premières émissions destinées à un public. En France, en 1949 un premier journal télévisé est diffusé de façon hebdomadaire. (Internaute Magazine) C’est cependant au début des années 1960 que la télévision connaît un «départ fulgurant», comme l’explique le professeur en communication publique, Jean de Bonville. En 1961, 88% des foyers québécois possèdent une télévision. C’est aussi à cette même période que l’on voit l’apparition des premiers débats politiques télévisés, marquant le début d’une longue tradition et d'une relation très étroite, entre le politique et la télévision.


Jonh Baird, en 1926 devant son invention le téléviseur


Quel est le lien entre la télévision et la communication publique?

C’est dans la deuxième moitié du 20ième siècle que les hommes politiques ont commencé à utiliser la télévision comme l’une des principales technologies de l’information pour transmettre les messages politiques au public. De nos jours, les stratégies utilisées par tout l’appareil politique, tant par le politicien lui-même que par toute son équipe chargée des relations publiques, sont très nombreuses. On n’a qu’à penser aux débats télévisés, aux interviews, aux périodes de temps d’antenne réservées lors des campagnes électorales, aux émissions d’information télévisées qui couvrent bon nombre d’événements politiques, aux émissions spécialisées comme Les coulisses du pouvoir à Radio-Canda, etc. «La télévision établit également une relation nouvelle, de personnes à personne, entre les locuteurs politiques et le téléspectateur», explique le Dr en Sciences du Langage, Gwenole Fortin. Selon lui, le simple fait de passer à la télévision donne de la valeur au politicien. (Fortin p.2) Même aujourd’hui, la télévision est considérée comme le média par excellence à utiliser en politique, étant donné qu’il est un média de masse. Selon le journaliste et blogueur Erwann Gaucher, la télévision a plus d’impact qu’un tweet. Un sondage commandé par Apco worldwide et la Revue parlementaire, 65% des gens sondés  disent s’informer en premier à la télévision, contre 52% sur Internet. (Cécile Marche. P1) Il n’est donc pas étonnant que les spécialistes de la communication, qui œuvrent dans le domaine politique, tentent par tous les moyens d’exercer un contrôle sur l’Agenda setting des salles de nouvelles. Le professeur en sciences de l’information à l’Université de Paris, Jean Mouchon est clair, le studio de télévision est consacré comme la principale arène de confrontations des politiciens, mais aussi l’endroit où ces derniers peuvent communiquer le plus d’éléments d'informations significatifs.


La télévision et l’arène politique : des exemples réels

Un des moments marquants de l’utilisation de la télévision pour la communication politique est sans aucun doute le débat télévisé opposant le vice-président, Richard Nixon et le sénateur du Massachusetts, John F. Kennedy, lors des présidentielles américaines de 1960. Le 26 septembre, 70 millions d’électeurs ont regardé, en direct, ce premier débat télévisé. Il y a aura au total quatre grands débats télévisés entre les deux candidats. La différence entre les deux orateurs était flagrante. D’un côté, Nixon, qui revenait d’un séjour à l’hôpital, était frêle et pâle. De l’autre côté, Kennedy, était bronzé, reposé, confiant. Les électeurs qui écoutèrent le débat à la radio pensèrent que Nixon l’avait emporté. Mais les 70 millions de téléspectateurs, eux, étaient convaincus que Kennedy avait dominé le débat. Ces électeurs, étaient davantage concentrés sur ce qu’ils voyaient que sur ce qu’ils entendaient. Au moment du vote, le Museum of Broadcast Communications rapporte que plus de la moitié des électeurs affirmaient que le débat avait influencé leur choix à l’élection. Cette première expérience du débat politique diffusé à la télévision marqua le début d’une longue tradition, qui se poursuit d’ailleurs aujourd’hui, un peu partout sur le globe.




ABC News: première partie du premier débat présidentiel américain opposant Richard Nixon et John F. Kennedy. 26 septembre 1960


Au Québec, comme le rapport Jean de Bonville, un des premiers politiciens à s’être tourné vers la télévision pour joindre le public et faire passer son message, est Réal Caouette, chef du Crédit social du Québec. Dans l’ouvrage Votez pour moi, Denis Monière va encore plus loin. Selon lui, le Ralliement des créditistes a été créé grâce à l’utilisation habile et propagandiste de la nouvelle technologie. En 1958, Réal Caouette acheta du temps d’antenne à la chaîne CKRN-TV, en Abitibi-Témiscamingue. Il s’offrit six émissions de quinze minutes chacune, pour un total de 12 mille dollars. Les apparitions du chef coloré, aux discours enflammés, au petit écran ont permis de recruter d’autres partisans. Aux élections fédérales de 1962, le parti créditiste dépensa 70 mille dollars en publicité, télédiffusée en Abitibi-Témiscamingue, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, à Québec, à Sherbrooke et dans le Bas-Saint-Laurent. Résultats : 26 députés ont été élus lors de cette première participation électorale du parti de Réal Caouette. L’homme politique confiera : «Aucun mouvement ou tiers parti n’avait réussi à pénétrer le mur infranchissable des routes et bleus. Or en 1962, grâce à l’utilisation de la télévision qui nous a permis d’aller rejoindre les gens chez eux et de leur dire ce qui se passe, nous avons remporté 26 sièges et nous sommes arrivés bon deuxième dans une vingtaine d’autres comtés.» (Monière. P. 55)

Réal Caouette, 1917-1976, chef du mouvement créditiste pendant près de 20 ans.

De son côté, c’est depuis 1968 que le Parti fédéral du Canada a changé ses stratégies de communication publique en confiant ses campagnes publicitaires à deux agences de publicité, bien sûr, pour composer avec la nouvelle réalité politique imposée par la télévision. On voit ici que l’influence de la télévision a non seulement modifié la façon de faire de la politique, mais a aussi contribué à créer d’autres emplois en communication publique : des publicitaires politiques. C’est le cas de Jacques Bouchard qui a fondé l’agence BCP, et qui se charge de la campagne publicitaire des libéraux depuis la fin des années 1960. Le premier ministre de l’époque Lester B.Pearson demanda d’abord à M. Bouchard d’élaborer une publicité pour promouvoir le ministère des Postes. En 1968 Jacques Bouchard réussit à convaincre les stratèges politiques de créer une deuxième agence, La Machine rouge, responsable uniquement de la publicité pour la campagne électorale. Le communicateur élaborait d’abord une stratégie de communication, la présentait ensuite aux candidats, puis testait ses messages auprès de focus group. On voit ici que la communication publique, dans le monde de la politique, s’est spécialisée et développée dès la moitié du 20ème siècle.

Aujourd’hui encore, la télévision demeure le vecteur de messages par excellence pour les politiciens. Et les communicateurs, impliqués dans l’arène politique ne cessent de créer de nouvelles façons pour influencer où diffuser le débat politique. Par exemple, à l’intérieur même des salles de nouvelles on tente d’augmenter les cotes d’écoute en créant de nouveaux concepts pour utiliser le «spectacle politique». Il y a toujours le traditionnel Débat des chefs présenté à la Société Radio Canada, où les chefs des grands partis s’affrontent dans une seule et unique joute télévisée animée et dirigée par le chef d’antenne. Mais cette année, lors des dernières élections provinciales, une autre formule a été pensée par l’équipe des nouvelles de Québecor. Les Face à Face Québec , soit trois grands débats qui ont été présentés simultanément sur les ondes de TVA et de LCN, les 20, 21 et 22 août. Cette nouvelle forme oppose en duel chacun des chefs des partis dont Pauline Marois du Parti québécois, Jean Charest du Parti libéral et François Legault de la Coalition avenir Québec. Québécor estime que la première joute, entre Pauline Marois et Jean Charest, a attiré 1 448 000 téléspectateurs. Le débat classique de Radio Canada en a quant à lui attiré 1 623 000.

  

Extrait du premier Face à face Québec opposant la chef du Parti Québécois, Pauline Marois, et Jean Charest, ex-chef du Parti Libéral du Québec. 20 août 2012


Point de vue : qualités et défauts de cette technologie

Tant par l’importance que porte les politiciens et les stratèges politiques à l’utilisation du petit écran, pour faire passer des messages politiques, que par les analyses menées sur l’impact de la télévision sur les téléspectateurs/électeurs, ou encore par les différentes formes de présentations télévisuelles misent en place par les chaînes d’information elles-mêmes, on se rend compte que la télévision et la politique entretiennent une relation étroite depuis la moitié du vingtième siècle et complètement modifié la façon dont le politique pense sa communication publique. Ceci étant dit, d’autres technologies des médias sont aussi utilisées par les stratèges politique, on n’a qu’à penser à la presse papier qui permet souvent d’élaborer plus longuement, par exemple sur le programme des partis, ou encore la radio qui continue de jouer un rôle de diffusion important dans la transmission des messages politiques destinés au public. Aussi, de plus en plus les politiciens se tournent vers d’autres nouvelles technologies des médias, dont Internet et les Réseaux sociaux, qui offrent une vitrine, peut-être un peu plus marginale, pour l’instant. Je reviens ici sur le Débat des chefs ou encore les Face à Face Québec où le chef d’Option nationale, un nouveau parti créé par Jean-Martin Aussant, ex-péquiste et député de Nicolet-Bécancour. Le politicien n’a été invité à aucun de ses débats. Il a y a tout de même participé par le biais de sa page Twitter et a réussi a attiré des milliers d’électeurs/internautes.

Pour en revenir à la télévision, comme l’explique la journaliste Cécile Marche, le sentiment de proximité que crée la télévision, entre les électeurs et les politiciens, est certainement un des points forts de ce vecteur de messages.  La télévision est également le média de masse par excellence parce qu’elle touche un large public, comme elle est utilisée par les politiques depuis 1950, elle est de mieux en mieux maîtrisée et offre une multitude stratégies pour joindre le public comme les publicités politiques, les entrevues, les débats, etc. Selon René Wallstein, docteur ingénieur et consultant en télécommunications, il y a de nos jours plus d’un milliard de téléviseurs en service dans le monde. «Dans tous les pays, la télévision a acquis un poids sociétal tel qu’elle est devenue le terrain d’une lutte de pouvoir pour les organisations politiques et industrielles». Cependant, dans les pays où il y a des régimes dictatoriaux, l’accès à la télévision est contrôlé, ainsi que le contenu qui y est diffusé, privilégiant ainsi certaines formations politiques au détriment des autres et pouvant bien sûr influencer l’opinion publique. La télévision est aussi considérée, notamment par Marshall McLuhan, comme un médium froid, dans le sens où l’image et le son contiennent peu d’information, donc qui nécessite peu de réflexion.

Conclusion : éviter la propagande et le contrôle de l’État sur le contenu télévisuel

La télévision est certes un médium de masse très puissant et certaines dérives sont possibles. D’ailleurs, dans certains cas, l’information politique diffusée à la télévision a carrément versé dans la propagande. Il est donc extrêmement important que les télédiffuseurs ainsi que les artisans de l’information télévisuelle, conservent un regard objectif et protègent leur liberté de presse. Les réseaux, du moins ceux qui se disent d’information, doivent servir le public plutôt que le politique. On n’a qu’à penser au cas de Sylvio Berlusconi, ex-chef politique de l’Italie qui détenait 90% de la sphère audiovisuelle. La journaliste de Suite 101, Doris Séjourné, affirme que sous Berlusconie, l’Italie avait dégringolée au 77ème rang de la liberté de la presse au classement mondial. Par ailleurs, à l’ère de la convergence, où les réseaux de télévision utilisent de plus en plus la plate-forme web, il faut aussi se pencher sur la liberté de la presse télé version web, parce que maintenant, presque tout ce qui se passe à la télévision se retrouve sur Internet. Lorsque qu’il est question de censure imposée par un gouvernement, on a tendance à montrer du doigt la Chine. Or, les pays occidentaux ne sont pas à l’abri du désir de l’état de contrôler les nouvelles technologies des médias. Le journaliste du Nouvel observateur, Dryef Zineb, décrit deux exemples flagrants du désir de l’état de contrôler le contenu télévisuel. En 2010, le gouvernement italien voulait adopter le code Romani, qui visait à imposer une licence pour diffuser des vidéos sur internet. Un projet de loi qui prévoyait des amendes allant jusqu’à 150 000 euros pour les réfractaires. En 2008, la France avait aussi suggéré de soumettre les sites internet avec du contenu audiovisuel au contrôle de l’État. Après la télévision, les stratèges politiques doivent maintenant apprendre à composer avec Internet, qui vient à son tour, bouleverser la transmission de messages, ou plutôt la communication politique. Déjà, on voit apparaître de nouvelles stratégies communicationnelles. D’ailleurs, de plus en plus de politiciens sont branchés. Ils twittent, bloguent et s’adressent à leurs électeurs par le biais de facebook.

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Bibliographie



Agence QMI. 2012. «Près de 1,5 million de téléspectateurs pour la première joute», TVA nouvelles. En ligne. 21 août. http://tvanouvelles.ca/lcn/artsetspectacles/general/archve/2012/08/20120821-164411.htlm.  Consulté le 11 octobre.

De Bonville, Jean. 1991. «Le développement historique de la communication publique au Québec». Communication publique et société. Repères pour la réflexion et l’action. Boucherville. Gaëtan Morin éditeur.


Dryef, Zineb.  «Italie : Berlusconi veut contrôler la vidéo sur Internet». Le Nouvel observateur : Rue 89. En ligne. 1 février. http://www.rue89.com/2010/02/01/italie-berlusconi-veut-controler-la-video-sur-internet-135429. Consulté le 13 octobre

Maigret, Éric. 2003. Sociologie de la communication et des médias. Paris : Armand colin, pp. 101-109

Marche, Cécile. 2012. Les politiques, éternels enfants de la télé. En ligne. 8 février. http://www.journalismes.info/Les-politiques-eternels-enfants-de-la-tele_a3614.html. Consulté le 10 octobre 2012.

Monière, Denis. 1998. «Votez pour moi : une histoire politique du Québec moderne à travers la publicité électorale». Bibliothèque nationale du Canada. Éditions Fides. En ligne.    http://books.google.ca/books?id=kQH1hutm0p0C&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false. Consulté le 11 octobre 2012.

Mouchon, Jean. 2002. «La dramaturgie des débats télévisés des élections présidentielles françaises». Télévision, spectacle, politique. No. 102. Mars-Avril Bry-sur-Marne. INA – Édition et Documentation

Internaute Magazine. En ligne. http://www.linternaute.com/histoire/categorie/61/a/1/1/histoire_de_la_television.shtml. Consulté le 30 septembre 2012.

Séjourné, Doris. 2010. «Le pouvoir de la télévision : Le petit écran qui parvient à manipuler les gens en direct». Média et information Suite 101.  En ligne. 17 mars. http://suite101.fr/article/le-pouvoir-de-la-television-a9472.  Consulté le 13 octobre 2012.

Tyner Allen, Érika. «The Kennedy and Nixon first debate»  En ligne. http://www.museum.tv/eotvsection.php?entrycode=kennedy-nixon. Consulté le 3 octobre 2012.

Wallstein, René. 2007. «Télécommunication – Histoire. La transmission à distance des images fixes. La transmission à distance des images animées : la télévision». Encyclopedia Universalis. En ligne. http://www.universalis.fr/encyclopedie/telecommunications-histoire/8-la-transmission-a-distance-des-images-animees-la-television. Consulté le 22 septembre 2012.





                             

lundi 8 octobre 2012

Billet 1: semaine 5: la téléphonie mobile: liberté ou esclavage?


Dans quelle mesure le téléphone mobile ne devient-il pas un esclavage plutôt qu'une liberté? 


Je suis journaliste depuis maintenant 7 ans et l'usage que je fais de mon téléphone portable a décuplé. Au départ, alors que j'étais journaliste dans un journal hebdomadaire, je me servais surtout de mon téléphone mobile pour joindre des sources pour la rédaction d'articles ou encore mon chef de pupitre. Le simple cellulaire s'est rapidement métamorphosé en téléphone intelligent. Aujourd'hui, je suis journaliste à TVA Trois-Rivières et les nouvelles possibilités offertes par ces téléphones sophistiqués me permettent de communiquer en permanence avec lesdites sources par le biais de courriels et des messages envoyés sur les réseaux sociaux, facebook surtout, je n'ai pas encore commencé à Twitter! À tout cela s'ajoute les fameux textos entre collègues et quelques précieux contacts qui parfois, m'acheminent des informations privilégiées et permettent, certaines fois, d'avoir une primeur. Le téléphone mobile est beaucoup plus qu'un outil de communication, il devient une aide précieuse pour une recherche facile et efficace. Plus besoin d'être devant l'ordinateur, au bureau, pour faire une recherche sur internet. Il suffit d'utiliser notre téléphone, qui permet de nous connecter presque n'importe où, n'importe quand! Il y a quelques semaines, avec mes nouvelles fonctions de chef de pupitre, un collègue m'a ajouté l'envoi des courriels acheminés à l'adresse de la salle des nouvelles. Récapitulons : maintenant, tous mes contacts, mes collègues, mon patron, et tous les autres intervenants désireux d'envoyer une information ou un commentaire à la salle des nouvelles de TVA Trois-Rivières peuvent me joindre sept jours sur sept, 24 heures sur 24! Et cela, tant que j'ai à la portée de main mon téléphone cellulaire, qui soit dit en passant n'est jamais bien loin! Au bureau, dans la chambre à coucher, à la salle d'entraînement, en voiture (avec la technologie bluetooth), il ne me quitte presque plus. Force est de constater qu'il m'est devenu indispensable, et presque le prolongement de mon bras! 


Il m'est arrivé à quelques reprises d'avoir cru entendre la sonnerie annonçant un message (courriel, texte ou facebook) et d'avoir constaté que ce n'était que le fruit de mon imagination. Ces épisodes ont déclenché une autre sonnerie, mais cette fois, pas celle de mon téléphone mobile. Une petite voix intérieure qui commençait à se questionner sérieusement, voir même à s'inquiéter, sur la place prépondérante que prenait mon téléphone intelligent dans mon quotidien. J'ai donc décidé d'entreprendre un sevrage et de m'accorder ou plutôt de m'imposer, depuis déjà quelques mois, des moments sans lui. Maintenant, je me déconnecte en vacances, à la salle d’entraînement, et le soir, dès que je sors des ondes, j'annule l'envoi des messages courriel destinés à l'adresse des nouvelles.

En fouillant un peu sur Internet, je me rends compte que même les leaders dans le domaine des nouvelles technologies des médias commencent à s’interroger sur le phénomène de dépendance aux TIC. Lors de la Wisdom 2.0 conference, les fondateurs et créateurs de réseaux sociaux influents, tels Facebook, Twitter, eBay, et les directeurs des compagnies comme Google, Microsof et Cisco, ont débattu sur cette question. Certains avouent aussi s'accorder des moments de répit, sans téléphone mobile, et encouragent leurs employés à faire de même et à se déconnecter. Parions que ce n'est que la pointe de l'iceberg, et que de plus en plus, les chercheurs et psychologue s'intéresseront à cette question.
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Ritchel, Matt. 2012. Silicon Valley Says Step Away From the Device. The New York Times. En ligne. 23 juillet. http://www.nytimes.com/2012/07/24/technology/silicon-valley-worries-about-addiction-to-devices.html?pagewanted=all Consulté le 5 octobre 2012